Ce travail photo est une déconstruction de la représentation du corps et une reconstruction du corps qui procède de l’interprétation.
Il pose à la fois la question de l’ascétisme ou plus précisément de l’économie de moyen - le rasoir d’Ockham n’est pas loin - :
Jusqu’où pousser la déconstruction ? A quel moment le sujet est perdu, et peut-être le spectateur aussi ?

La question de la reconstruction, de la recomposition de ce qui n’a jamais eu lieu, mais qui émerge comme un mirage; des formes hiératiques sortent de haïku photographique, emprunté à la peinture et à la sculpture. La reconstruction se fait en réalité dans le regard du spectateur qui développera sa propre reconstruction à partir de ces fragments proposés.

La question de l’intimité fait également son apparition au coeur de l’instant qui s’évanouit, dans la pudeur du mouvement.  

Pour résumer le propos photographique, je citerais deux extraits de Jean-Christophe Bailly dans son ouvrage « Une éclosion continue, Temps et photographie » :
«Le temps, nous ne le voyons de face qu’au moment de mourir, mais la photographie nous a donné le pouvoir étrange de le saisir par des coupes qui l’interrompent et le suspendent. Chacune de ces coupes agit comme une césure et comme une éclosion : par le choix de l’instant et du cadre, une éruption de sens est délivrée chaque fois. »

« L'image arrêtée, qui interrompt le film incessant du devenir, ne le fait qu’en retenant les quantités de temps toujours différentes : ce qui a été prélevé n’a eu lieu qu’une seule fois, et c’est la façon dont cet avoir eu lieu se prolonge dans un suspens que rien ne peut plus trouver qui installe l’étrangeté du photographique ».

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